Le 1er juin 2025, le P. Fabien Lejeusne, provincial d’Europe des Assomptionnistes a nommé, après consultation, Jean Pinczon du Sel et Benedicte Zerguini à la Présidence de l’hospitalité Notre Dame de Salut. Ils se présentent…
Depuis le 16 août 2025, Bénédicte Zerguini et Jean Pinczon du Sel assurent la présidence de l’Hospitalité Notre-Dame de Salut, après les 6 années du mandat de Sophie de Ruffray et Michel de Verneuil, les premiers à l’avoir conduite en tandem. Benédcite et Jean représentent la 16ᵉ génération de présidents à exercer cette mission. Née en 1881, l’Hospitalité est la plus ancienne de Lourdes et la « sœur aînée » de toutes celles qui ont suivi, servant de modèle pour l’accueil, la service et la formation des bénévoles auprès des pèlerins malades et fragiles.
Bénédicte Zerguini
Pouvez-vous vous présenter et dire ce qui vous a menée à Lourdes ?
Je suis maman de 5 enfants, grand-mère de 7 petits-enfants, infirmière enseignante à la retraite, et rouennaise. Je suis venue à Lourdes par intérêt professionnel, pour préparer un projet avec mes étudiantes. Je n’y avais jamais mis les pieds, et j’ai été bouleversée par la délicatesse et la foi des jeunes hospitaliers. Cela m’a conduite à découvrir l’histoire de Bernadette et la source de cette charité.
Quelles missions avez-vous exercées et comment êtes-vous arrivée à la présidence ?
J’ai commencé comme infirmière à Saint Frai, puis j’ai pris la responsabilité des infirmières des deux accueils. Cela m’a permis d’organiser, d’innover et de mieux saisir la place indispensable mais discrète des soignants. Intégrer le conseil de l’Hospitalité m’a fait découvrir la richesse des autres missions. Quand on m’a appelée à la présidence, j’ai d’abord refusé, persuadée qu’il y avait erreur de casting. Après prière et réflexion, j’ai compris que Dieu m’accompagnerait dans ma décision. J’ai accepté à condition d’une présidence partagée, et quand Jean m’a appelée, j’ai dit oui.
Que signifie pour vous cette présidence et quelles orientations souhaitez-vous donner ?
C’est une charge lourde mais une joie de servir avec une équipe riche de talents, sur un terrain bien préparé par nos prédécesseurs. Avec Jean, nous voulons poursuivre Handimission et l’attention aux familles. Trois priorités me tiennent à cœur : travailler l’accueil de tout pèlerin, réfléchir au sens de l’engagement dans la vie quotidienne, et mieux accueillir les malades séjournant à l’hôtel.
Comment voyez-vous aujourd’hui l’Hospitalité et ses défis ?
Depuis le Covid, elle est en marche et en plein essor, avec beaucoup de nouveaux engagements. Les défis sont de renforcer l’ancrage régional, d’élargir l’accueil aux familles et aux plus fragiles, et de maintenir la jeunesse en route grâce à des missions renouvelées. L’engagement des jeunes est un signe d’espérance : je reçois autant que je transmets, leur joie nourrit la mienne.
Quelle place tient la foi et quel appel souhaitez-vous lancer ?
Ma foi est la source de mon engagement, elle m’aide à ajuster mes décisions et mes relations. À Lourdes, Dieu a commencé à transformer mon cœur à travers le message de Marie et l’humilité de Bernadette. Je rêve d’une Hospitalité redynamisée, ouverte à toutes générations, où chacun trouve sa place. Fidèles à la devise « Domino Christo servire », nous devons l’adapter aux nombreux catéchumènes qui rejoignent l’Église. Mon appel est simple : venez servir à Lourdes ! On croit donner, mais on reçoit une bouffée d’espérance. Et il faut revenir, encore et encore : chaque fois, Marie nous attend et le Christ nous donne rendez-vous.
Jean Pinczon du Sel
Pouvez-vous vous présenter et dire ce qui vous a mené à Lourdes ?
J’ai 58 ans, marié avec Claire, père de deux jeunes enfants et beau-père de deux étudiantes. Je suis d’un tempérament ouvert, aimant la nature et l’amitié. Professionnellement, je travaille dans l’aéronautique. J’ai découvert Lourdes à 14 ans avec mes cousins et mes frères, et je n’ai jamais cessé d’y revenir. Le Pèlerinage du 15 août est devenu pour moi un temps de ressourcement et de prière, une seconde famille.
Quelles missions avez-vous exercées et comment êtes-vous arrivé à la présidence ?
J’ai été jeune brancardier, chef de groupe, responsable d’équipe puis de la coordination de tous les services extérieurs de l’Hospitalité. Depuis six ans, je siège au conseil. Quand on m’a approché pour la présidence, j’ai ressenti déstabilisation et humilité, avec la crainte de manquer de disponibilité. Mais pouvait-on refuser un appel à servir l’Église ? La méditation de l’appel de saint Pierre, le discernement avec mon épouse et la consultation de proches m’ont aidé à dire oui.
Que signifie pour vous cette présidence et quelle orientation souhaitez-vous donner ?
C’est une grande responsabilité : veiller sur chaque pèlerin et s’inscrire dans une histoire de presque 150 ans. Je souhaite continuer l’adaptation aux besoins actuels, renforcer la place des jeunes, élargir l’inclusion des personnes fragiles, et offrir à chacun l’occasion de réfléchir à sa vocation et à sa place dans le monde.
Comment voyez-vous aujourd’hui l’Hospitalité et ses défis ?
C’est une Hospitalité vivante et jeune, pleine de talents, où l’esprit de famille nourrit générosité et créativité. Les défis sont d’accueillir davantage de malades et de personnes handicapées, de donner sens à la présence de chacun et de transmettre largement le message de Marie à Bernadette. L’engagement des jeunes est pour moi un signe de vitalité et d’espérance. Je veux les remercier et les confier à l’école de Marie pour apprendre délicatesse, humilité et joie.
Quelle place tient la foi et quelle vision d’avenir portez-vous ?
La foi est centrale : je vis mon engagement dans la confiance et l’abandon, sachant que l’Esprit Saint et Notre Dame de Salut nous accompagnent. Lourdes m’a offert une seconde famille et un équilibre de vie. Je garde en mémoire les visites de saint Jean-Paul II comme des moments inoubliables. Pour l’avenir, je rêve d’une Hospitalité souriante de jeunesse, accueillante et fraternelle, un arbre solide enraciné dans la tradition mais toujours en floraison. Aux futurs hospitaliers, je dis : osez venir ! Vous découvrirez une expérience unique de partage et de joie, mais attention, l’addiction peut naître dès la première fois.
Propos recueillis par Sébastien Antoni